Un numéro 100 collector

……………….#100…


21 septembre 2020 /// Spécial #ParlonsRecherche 
Un amish qui vous
veut du bien

C’est un Emmanuel Macron bronzé et sans masque, qui a harangué la French Tech (on y a vu Xavier Niel au dernier rang) réunie à l’Elysée le 14 septembre.
Dans un discours plus-scientiste-tu-meurs, le président a ravalé en une punchline les sceptiques de l’innovation — la 5G en tête — au rang d’amish.
Ce rapport à l’innovation, c’est justement ce dont nous voulions parler cette semaine, grâce aux résultats de #ParlonsRecherche.
1700 chercheurs ont répondu : parité, télétravail, loi Recherche (on ne refait pas)… et innovation, vous l’avez compris. Prêt ? Voici le premier numéro d’une semaine spéciale qui y sera totalement consacrée.
Keep calm & science hard,
Laurent de TheMetaNews

PS. Vous avez remarqué ? C’est notre 100e numéro. Vous, lecteurs, y êtes pour beaucoup alors on vous remercie en pied de mail.


Ils sont jeunes (souvent), ils sont beaux, ils font de l’inno. Elodie Chabrol est allée à la rencontre de chercheurs qui ont sauté le pas. Premier épisode avec Xavier Duportet.

#ParlonsRecherche à la Une
L’inno, je t’aime (moi non plus)
Les chercheurs sont poussés à innover depuis quelques années mais toutes les disciplines ne sont pas à égalité. Analyse d’un rapport contrarié.


La stature — et le statut — du chercheur-entrepreneur sont une invention récente. Entériné par la loi Pacte ou le plan Deeptech, l’idée que la recherche ne s’arrête pas aux portes du labo a fait du chemin depuis quelques années.
Mais cette réalité n’est pas la même pour tous. En effet, les résultats  de #ParlonsRecherche montrent qu’elle est vécue différemment entre les disciplines, (lire également Beyonlab#1). Voici quelques chiffres :

  •  43% des chercheurs en « sciences dures »  (on se comprend) pensent qu’il n’y a pas assez de start-up issues de la recherche publique contre moins de 30% en sciences humaines.

Le scientisme est-il de retour ? Les disciplines se distinguent également sur leur confiance dans l’avenir et la technologie, avec des différences marquées dont voici deux exemples :

  •  Près de 60% des chercheurs en sciences humaines  ne sont ainsi pas d’accord avec l’affirmation « grâce à la science et la technologie, nos enfants vivront mieux que nous » (contre 45% en sciences dures).
  •  A la question (manichéenne) « La science fait-elle plus de mal que de bien ? » , les différences s’amenuisent néanmoins, la majorité (71%) de nos répondants s’accordant à dire que la science fait du bien. Ouf.

On se permet une remarque personnelle. Si elle fait autant parler, c’est que l’innovation est une idée qui percute un idéal : celui d’une recherche désintéressée et, par essence, sans modèle économique.


En savoir plus ? C’est par là

#ParlonsChiffre
 34% 
Des répondants de #ParlonsRecherche (p.28) pensent qu’il y a « trop de médiatisation des chercheurs entrepreneurs », qui ne se bousculent pourtant pas au portillon médiatique (voir p.15 de l’enquête PhdTalent). 4,5% des doctorants ayant répondu à #ParlonsRecherche caressent pourtant cette option de carrière et 13% envisagent de chercher dans une start-up ou une PME. Un chiffre stable par rapport à notre précédente enquête de 2018, sans oublier que la grande majorité (43%) veut rester dans l’académie.


On #ParleRecherche avec Olivier Ezratty
« On associe trop vite chercheurs et business developers »


Ce consultant à qui rien de l’innovation n’échappe nous livre son analyse des résultats de #ParlonsRecherche.


Sa dernière passion ? Le quantique.

Les chercheurs ayant répondu à #ParlonsRecherche se plaignent d’une trop forte médiatisation des start-up. Qu’en pensez-vous ? La médiatisation est forte en France depuis le lancement de la French Tech en 2014. A suivi le plan Deeptech de BPIfrance, qui a pour but de valoriser directement les résultats de la recherche. Il reste encore beaucoup à faire dans l’accompagnement des start-up issues de la recherche. Aujourd’hui, on associe trop vite les chercheurs avec des business developers. Or, il est nécessaire d’avoir un responsable du développement d’un produit – un product manager – qui fait l’intermédiaire. 

Devant la difficulté de trouver un poste dans l’académie, certains se tournent vers l’entrepreneuriat. Avez-vous vu des start-up faire de la recherche déguisée ? Oui, il y en a quelques-unes. Et cela peut poser des difficultés lorsque les jalons clés ne sont pas atteints et que les financements privés ne veulent plus suivre. Il faut donc renforcer les formations des chercheurs pour faire rêver les investisseurs. Une méthode hybride permet de continuer à faire de la recherche en gardant une composante dans un laboratoire financé par le public d’un côté et la start-up de l’autre côté qui travaille sur l’industrialisation.

Le poids des start-up françaises issues de la recherche a-t-il augmenté à l’international ? J’ai pu constater ces dernières années l’émergence d’un grand nombre de start-up en informatique quantique et en intelligence artificielle. Il est intéressant de voir que de plus en plus de chercheurs issus de Polytechnique et des écoles normales supérieures se lancent. Il y a une véritable culture de l’entrepreneuriat qui se développe dans les grandes écoles qui veulent jouer un rôle dans l’innovation. Cette acculturation arrive aux chercheurs à travers l’exemple, mais aussi par des formations spécialisées comme le HEC Challenge +.

Propos recueillis par Lucile Veissier


#ParlonsRecherche, c’est aussi 
 plus de 4000 verbatims 
 « Porteur d’un projet issu des SHS,  je me suis heurté frontalement au dédain de nombre d’acteurs de la valorisation. » 
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 « Valorisation toujours et encore. On nous demande de faire de la science fondamentale et de valoriser pour se faire de l’argent sur notre dos. » 
////////////////////////////////////////« Pour ma part, je souhaiterais qu’il existe beaucoup plus d’informations et de formations concernant entrepreneuriat dans la recherche (…). Travailler dans l’académique est très difficile, nous le savons dès notre première année de thèse. » 
////////////////////////////////////////« Venant d’une famille aisée où l’entrepreneuriat est courant, ça n’a pas été trop difficile de se projeter hors de l’académique, je suis plutôt privilégié. » 
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Et pour finir

Pour une fois, c’est nous les stars ! Pour fêter le #100 de TheMetaNews — plus d’un an avec vous, déjà —, on voulait vous partager ce moment. Alors, nous voici, sans modération.