[TMN#21] Faut-Il Sauver Le Soldat Peer Review ?

Rire. Penser. Rire. Penser. Ad lib. 

C’était hier soir en Mondovision : la remise des très officiels IgNobel. Et deux Français sont à l’honneur pour leur papier sur l’asymétrie des températures testiculaires chez des employés de la Poste.
D’ailleurs, un seul scientifique a réussi à remporter à la fois un IgNobel et un Nobel tout court, vous devinez qui ? (voir “Et pour finir” en pied de mail)
Laurent de TheMetaNews
PS/ Si vous avez des enfants qui se demandent quel genre de scientifique ils veulent être dans la vie, faites-leur passer le test “devenir scientifique” du CEA et ils seront (peut-être) fixés.




Faut-il sauver le soldat peer review ?

Le peer reviewing n’est pas valorisé, ne garantit pas la qualité de l’article et au final semble « complètement à revoir ». Ce n’est pas nous qui le disons mais quelques uns des 12000 (!) chercheurs cités par le consortium Couperin dans une étude parue fin juin, dont les résultats complets sont à venir. Quand on sait qu’un peer reviewer doit être compétent, altruiste, capable d’autocritique, entre autres, c’est surement beaucoup pour une seule personne. D’ailleurs, saviez-vous que du 16 au 20 septembre prochain aura lieu la Peer review week… dont l’organisation est en partie confiée à Elsevier. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.


L’Europe a-t-elle oublié la recherche ?

Imaginez un gouvernement français sans ministre de la Recherche mais avec une ministre de la Jeunesse et des Sports qui s’occuperait aussi de science. Etrange, oui c’est pourtant le cas à la Commission européenne depuis la nomination – qui doit encore être entérinée le 1er novembre – de la Bulgare Mariya Gabriel au poste de commissaire à l’Innovation et à la Jeunesse. Un intitulé valise qui a déjà fait couler beaucoup d’encre. Fort heureusement, sa lettre de mission est beaucoup plus claire, puisqu’il est notamment question du programme Horizon Europe. Son prédécesseur à ce poste, Carlos Moedas, lui a cédé sa place en regrettant que son poste de commissaire à la Recherche n’intéressait en réalité « personne »


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Parlons altmetrics : près de six papiers sur 10 cités sur Facebook sont invisibles. En effet, les règles de confidentialité du réseau social rendent moins accessibles ces partages que ceux sur Twitter, notamment. La conclusion de cette étude parue en preprint est que le rôle de Facebook est très certainement sous-estimé dans la diffusion des sciences.


« De la data certifiée conforme »

Le laboratoire public Cascad pose les bases d’un certificat de reproductibilité pour les recherches. Christophe Perignon, son co-fondateur, nous explique pourquoi cela peut tout changer.
TMN. D’où vient cette idée de certifier les données de recherche ?
CP. En sciences économiques et sociales, on passe parfois quatre ou cinq ans sur un papier et une fois publié, il ne s’agit finalement que d’un pdf. Si les chercheurs sont sérieux dans la production de la connaissance, l’évaluation des papiers ne l’est pas autant car elle est basée sur le fait que ce pdf reflète exactement les résultats expérimentaux. Notre approche permet de remplacer cette méthode par un tiers de confiance qui “refait tourner le code” indépendamment, en particulier pour les données sensibles ou confidentielles.
TMN. S’agit-il de mettre en place une “Police des polices” pour la data en quelque sorte ?
CP. Notre approche n’a jamais été de dire que les chercheurs sont des menteurs ou des arnaqueurs mais d’aider ceux qui en ont envie. L’outil tel que nous l’avons développé depuis plusieurs années peut être utilisé par tous ceux qui utilisent des bases de données et des statistiques. Par ailleurs, Cascad propose de faire de la reproductibilité, la réplication est un autre processus, même si les deux sont liés.
TMN. Et si les données sont confidentielles, notamment dans le secteur médical ?
CP. Dans ce cas, le chercheur ne peut évidemment pas les partager avec nous. Le CASD [centre d’accès sécurisé aux données, NDLR] propose par exemple près de 280 bases de données à accès restreint et de grands nombres d’articles sont écrits grâce à ces données formidables… mais cela pose un problème de reproductibilité. Nous avons mis en place une collaboration avec cette structure pour disposer de la même machine virtuelle que le chercheur : toute sa démarche scientifique peut être reproduite. Nous délivrons ensuite un certificat en pdf et un “token” qui peut être transféré aux partenaires.

Propos recueillis par Laurent Simon


Notre revue de presse express


ET POUR FINIR

C’est le Hollandais Andre Geim qui a eu l’insigne honneur de recevoir à la fois le Nobel et l’IgNobel, le premier pour ses travaux sur le graphène en 2010, le second date de 2000, quand il a été primé pour avoir fait léviter des grenouilles. Presque aussi fort que Marie Curie. (Source : Twitter).