[TMN#10] Ces Ruptures Qui Finissent Bien

 

Bonjour à tous,

Nous sommes vendredi et vous lisez [TMN#10].
On vous doit quelques nouvelles : notre communauté de fidèles lecteurs s’agrandit de jour en jour et nous en sommes heureux.
Nous préparons activement la rentrée avec, d’ici début juillet, encore une dizaine de numéros pour peaufiner votre news préférée. Tous vos retours sont les bienvenus (vraiment).
Laurent de TheMetaNews
PS. Ceci est un message personnel mais il nous concerne tous : le Palais de la découverte a besoin de votre soutien, faute de n’être plus que l’ombre de lui-même d’ici la fin de ses travaux en 2024. Si ça vous dresse les cheveux sur la tête, participez.

Ces ruptures qui finissent bien
La Commission européenne est plutôt douée pour les rapports. Et elle le prouve une nouvelle fois avec la livraison de son doc sur les 100 innovations de rupture, qui, on n’en doute pas, modèlera les investissements de l’Union dans la recherche. Rappelons que le programme Horizon Europe représente 100 milliards d’euros sur huit ans. Chaque potentielle “innovation de rupture” est, dans ce rapport, notée sur la probabilité qu’elle a de changer nos vies d’ici 2038. Intelligence artificielle, thérapie génique, édition du génome, il y en a pour tout le monde. Même si, évidemment, la recherche ne se résume pas à l’innovation, loin de là.

« L’éthique n’est pas un frein »

Aux lendemains de la Journée d’éthique de l’Inserm, le président de son comité d’éthique Hervé Chneiweiss revient pour [TMN] sur le rôle de l’éthique dans la recherche, au moment où certains font rimer ambition et précipitation.

TMN. Est-ce qu’en encadrant la recherche, l’éthique ne la ralentit pas dans certains cas ?

HC. L’éthique est un outil, une aide, parfois même une béquille ou même un tremplin mais pas du tout un frein ; elle vise à améliorer la qualité des recherches. Reprenons l’affaire des enfants chinois prétendument protégés contre le HIV par utilisation de Crispr [Après le Chinois He Jiankui, un chercheur russe a annoncé vouloir faire de même, NDLR]. Pourquoi avoir condamné ces travaux ? Parce qu’ils n’ont aucun sens : on ne sait pas aujourd’hui éditer le génome d’un embryon humain. Les jumelles nées de cette expérimentation ont pour la première un génome “mosaïque”, donc non protecteur, et pour l’autre des modifications génétiques dont on ne connaît pas la portée.

TMN. Seul le résultat compte dans ce cas ?
HC. Je le répète : prévenir de cette manière une maladie qu’on sait traiter d’une autre manière n’a pas de sens : une FIV avec un lavage du sperme ou une Prep [prophylaxie préexposition grâce à des médicaments, NDLR] permet d’éviter la contamination. Notre condamnation de cette expérimentation ne vise à pas à freiner la recherche, bien au contraire, mais à l’encourager. Nous n’avons que quatre équipes en France qui travaillent sur l’embryon, il en faut beaucoup plus ! Nous ne sommes pas là pour dire ce qui est vrai ou faux mais pour réfléchir aux questions qui se posent et créer des boîtes à outils.

TMN. L’éthique ne concerne-t-elle que les chercheurs ?
HC. Il faut différencier ce qui relève de la science et de la société. Je prends un exemple : l’ouverture de la Procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes ne se joue pas dans les labos Inserm, c’est une question sociétale, qui relève du Comité consultatif national d’éthique (CCNE). En revanche, des sujets émergents comme la recherche sur l’embryon ou les nouveaux modèles d’organoïdes ne sont pas encore dans le champ public mais nous devons y réfléchir dès maintenant.

Des rétractations en temps réel

Si vous êtes un utilisateur de Zotero, cela peut vous intéresser. Cet outil de gestion bibliographique (entre autres) gratuit intègre en effet maintenant en bêta la base de Retraction watch (à l’interface native pas très chaleureuse), comportant  environ 19 000 cas, qui s’afficheront directement dans votre interface si vous les avez collecté ou, à plus forte raison, si vous allez les citer.
Votre retour d’expérience sur Zotero en général et cette extension en particulier nous intéresse. N’hésitez pas à nous en faire part par retour de mail.

 

Dernier appel pour les appels

  • Un prix et une allocation post doc pour la Fondation Tourre. Si vous êtes chercheur dans le domaine du cancer, les candidatures pour le prix viennent de s’ouvrir (15 000 euros). Relax, vous avez jusqu’au 12 novembre. Même délai pour l’allocation post doc.
  • Le tabac, c’est tabou, on en viendra tous à bout. Et cette subvention doctorale IReSP/INCa pour réduire le tabagisme en santé publique y aidera certainement. Date limite de dépôt des dossiers pour les masters 2 intéressés : 25 juin à minuit.
  • Rejoignez le club des 5. Si la plasticité du cerveau est votre dada, jetez donc un oeil à cette annonce de l’ESPCI, qui cherche à accueillir une sixième équipe dans son laboratoire de neuro.
  • Un jour j’irai à New York avec toi… Le prix franco-américain Richard Lounsbery (aucun rapport), dôté de 50 000 dollars vise à encourager les échanges transatlantiques en biologie ou médecine. Deadline : le 5 juillet prochain.
  • … Avec une escale à Taïwan ? Si toutefois vous candidatez et remportez également le Grand prix scientifique franco-taïwanais, pour des travaux d’intérêt mutuels à ces deux pays. Dépôt du dossier avant le 28 juin.
Sources: ITMO Neuro, Cancer et Académie des sciences

 

ET POUR FINIR

On n’en fera pas des caisses pour ne pas freiner le grand vent d’amour interdisciplinaire que nous sentons se lever mais tout de même, cette image résume bien le fossé qui sépare parfois les scientifiques. Au lieu de sourire, savez-vous ce qu’est un pentaquark (réponse) ?