Plan de relance et autres conséquences



09 septembre 2020 /// L’actu de la profession
Ceci est un
édito politique

Après une relative discrétion ces derniers mois, la recherche fait un come back au sein du gouvernement, à coups d’annonces sur le plan France Relance (nous en détaillons deux plus bas ), de rentrée universitaire au régime Covid et de loi Recherche — pardon de LPR —, examinée à partir d’aujourd’hui à l’Assemblée nationale.
Le timing épidémique, le sentiment d’urgence généralisé et la grande inquiétude devant la gestion de cette rentrée « hybride » ont pavé la voie à la ministre de la Recherche ; la contestation est toujours vive mais le temps est aux aménagements (comme ceux proposés par les sociétés savantes) et à la déploration plus qu’aux manifestations, fussent-elles virtuelles. La réalité a ses raisons.

Keep calm & science hard,
Laurent de TheMetaNews

PS. On fait un grand coucou à nos amis de Pint of science, qui ont relevé le défi d’organiser à distance leur incontournable festival. Participez à leur quiz de clôture (toujours un grand moment), pour les soutenir !


Si vous n’avez que 30 secondes



A partir d’ici 3′ de lecture de bon aloi.


Le masque est de rigueur


Enlève ton masque, je te dirai qui tu es.
Le ministère n’en finit pas de peaufiner sa doctrine au gré des chiffres de contamination du Covid. La parution récente (le 07 septembre dernier) d’une circulaire validée au sein du CHSCT rue Descartes donne en effet le « la » pour les mois à venir. Vous pouvez la consulter ici. Mais en voici tout de même les grands points : 
  • Le port du masque est obligatoire, même en cas de distanciation physique, à l’exception des bureaux occupés par une seule personne ;
  • Toujours à propos des masques, les modèles réutilisables doivent être favorisés ;
  • La distanciation physique (un mètre ou un siège) doit être respectée « dans la mesure du possible » (ce qui diminue nettement la portée de cette mesure) ;
  • Un référent Covid est nommé dans chaque établissement ;
  • Des fermetures ciblées d’établissement pourront être décidées en cas de reprise épidémique ;
  • Organiser un évènement scientifique ou un colloque ne pourra se faire qu’après justification du respect du protocole sanitaire ;
Tous ces points sont évidemment valables pour les activités d’enseignement et dans les laboratoires. En pied de document est par ailleurs détaillé la marche à suivre en cas de détection de cas avérés ou suspects de Covid, voire en cas de cluster. Pour reprendre les termes d’un président, la question n’est pas « si » les universités abriteront des clusters mais « quand ».


Des infos en passant /////////// Jean-Michel Catin traite sur son blog Université 2021 de l’éléphant dans la pièce de la loi Recherche : le statut d’enseignant-chercheur /////////// On vous en a déjà parlé (et on vous en reparlera) mais si la procédure de nomination à la tête du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres) vous passionne, consultez cet article sur Academia, plus rien ne vous sera étranger après /////////// Une anonyme qui se définit elle-même comme une « maîtresse de conférence dans une petite université » dresse un portrait réfrigérant de la rentrée universitaire sur Université ouverte /////////// 


L’ANR voit ses financements « accélérés »


Plus, mais surtout plus vite.
C’est une des mesures de France Relance. Le plan à 100 milliards annoncé par le premier ministre Jean Castex début septembre comprend un volet recherche, parfois en doublon de celle-qu’on-n’appellera-pas-la-loi-Vidal. C’est le cas des financements prévus pour l’Agence nationale de la recherche : l’ambition du gouvernement est de porter le taux de succès à 25% si possible dès 2021 (petit rappel, il était de 16% en 2019) et en tous cas dès 2023, assure-t-on au ministère de la Recherche. Le budget de ce coup de pouce, présenté comme un ajout aux financements prévus dans la loi Vidal ? 400 millions d’euros tout de même. L’idée étant d’augmenter de 80% les fonds de l’appel à projets générique (AAPG) de l’Agence. Wait and see.


Des chercheurs (presque) tous frais payés


On est bien, on est beau dans un labo
Ce n’est pas la mesure la plus commentée de France Relance. Mais elle a son importance pour les laboratoires publics. Craignant une désaffection des entreprises pour la R&D, le gouvernement prévoit une aide qui leur est destinée à hauteur de 80% des salaires — dans la limite de 2500 personnes par an — pour des personnels issus du privé, doctorants, techniciens, ingénieurs ou docteurs, qui seraient « prêtés » à des labos publics. 78 millions d’euros seraient consacrés à cette mesure, 62 millions à des thèses en partenariat public/privé, 19 millions à des post-docs, 23 millions pour des bac+5. Voilà un sujet sur lequel nous attendons vos retours dans les prochains mois. Reste à trancher les questions de propriété intellectuelle, non ?


Le best of du Journal officiel /////////// On signale des changement dans les règles au sein du Conseil national des universités /////////// Si vous ignorez ce qu’est une disruption dans un tokamak, consultez pour le fun cette liste de termes techniques du nucléaire remise à jour /////////// Le jury du concours des « présidents » (détails ici) a été constitué et comprend beaucoup de présidents, comme il se doit /////////// L’Inria recrute des techniciens de recherche de classe normale, des assistants ingénieurs, des ingénieurs d’étude, des techniciens de recherche de classe supérieure ///////////


Ils refont leurs cartes de visite /////////// L’actuel PDG de l’Ifremer, François Houllier, exerce dorénavant par intérim les fonctions de président du conseil d’administration avant de briguer un éventuel second mandat /////////// Quelques arrivées au Conseil d’administration de l’Inria avec Baptiste Bondu, suppléant et Minghua Michel Rao /////////// Nicolas Castoldi a quitté courant août le cabinet de Frédérique Vidal, juste après y avoir été nommé en compagnie d’autres conseillers techniques. Va comprendre, Charles ///////////


Et pour finir


Théoricien des « bullshit jobs », David Graeber, disparu le 02 septembre dernier, était anthropologue et a ébranlé à lui seul notre rapport au travail. Comme quoi chercheur n’est vraiment pas un « bullshit job ».