Confiné mais pas seul




10 avril 2020 /// L’actu des labos


Entre
quatre murs
Quel florilège d’initiatives en ces temps de confinement ! Certains développent de nouvelles formes de vulgarisation (voir aussi notre interview de Fred Restagno ). D’autres réalisent carrément des manips à la maison ou auto-organisent des séminaires.Mais est-ce le cas pour tous ? Je vous rapporte en exclusivité les premiers témoignages de notre enquête #ParlonsRecherche (merci aux participants ! on attend les autres ), qui dévoile le côté sombre du télétravail.
Bonne lecture et bon courage,
Lucile


Confinés mais pas seuls
mondoctorat.info, c’est le nouveau site dédié aux doctorants, né d’une collaboration entre TheMetaNews et le réseau national des collèges doctoraux (RNCD). Retrouvez-y des infos officielles, des conseils et des initiatives pour poursuivre sa thèse malgré le confinement… et après !



A partir d’ici 4′ de lecture. A tout de suite en bas.


Les deux visages de la “télé-recherche”


Les premiers témoignages de l’enquête #ParlonsRecherche sont éloquents : certains tirent parti de l’isolement… les autres en souffrent.


D’un côté, il y a ceux pour qui le travail à la maison représente moins de stress et plus de liberté, comme en témoigne cette doctorante en archéologie : « Cela me permet de me couper du stress quotidien et de me concentrer sur mes travaux de recherche au calme ». Ainsi, c’est l’opportunité de travailler sur des projets parfois laissés de côté : « Le confinement me permet de finaliser l’écriture d’un article que je n’avais toujours pas fini et qui date d’une ancienne expérience postdoctorale », confie une postdoctorante en biologie.
Tempêtes sous des crânes
De l’autre côté se trouvent ceux pour qui le confinement pose beaucoup plus de problèmes : « La pression est forte, je n’arrive plus à me concentrer, impossible d’écrire ou de lire depuis trois semaines », raconte cette doctorante en économie. Stressés, ils souffrent d’une pression sourde qui s’assimile à une injonction à produire. En effet, ce doctorant en deuxième année de didactique des mathématiques écrit : « J’ai l’impression d’avoir plus de pression sur le fait d’avancer plus vu que je n’ai “rien d’autre à faire” et je culpabilise de ne pas vraiment y arriver. » Ce n’est pas forcément entre quatre murs qu’on réfléchit le mieux.



Des infos en passant //////// Depuis le 6 avril, les labos publics et privés peuvent (enfin) être réquisitionnés pour dépister le coronavirus, mais toujours sous le contrôle d’un biologiste //////// Une cartographie des collaborations sur le Covid-19 par des chercheurs du CNRS //////// On compte déjà plus de 1 000 preprints sur MedRxiv autour du Covid-19. Ce n’est que le début //////// Rétracter le désormais célèbre article de Didier Raoult ? C’est ce que préconise Hervé Maisonneuve sur son blog Rédaction médicale et scientifique //////// Mélomane ? Ecoutez la petite musique de nuit du Covid-19, en réalité la traduction de la séquence ADN du virus en une partition ////////


Un papier à mille mains


Quoi de plus pratique en ce moment qu’un outil pour préparer vos manuscrits de façon collaborative ? Si vous ne trouvez pas votre bonheur entre Google Docs (peu pratique pour insérer les références ou du code) ou Overleaf (réservé aux adeptes du LateX), voici Manubot (il en aussi question ici). Il faudra vous frotter à GitHub, mais c’est open source !


Un chiffre qui en dit long
deux sur trois
C’est la proportion des étudiants de Rennes 2 satisfaits par la continuité pédagogique proposée par leurs enseignants, les répondants sont en très grande majorité en licence et en master. Sans surprise, la vie confinée n’est pas rose : plus de 50 % se déclarent en difficulté, qu’elle soit psychologique, pratique ou financière. Une autre étude menée à l’université Paris-Dauphine le confirme : seulement 30% des étudiants sont dans de bonnes conditions pour étudier chez eux. Et si cela durait encore ? La fin de l’année universitaire suscite de vifs débats, au cœur desquels se trouve l’université de Nantes, qui a annoncé que les cours ne reprendraient pas en présentiel avant septembre.


Ca peut vous être utile //////// Confinés et précaires ? Université ouverte nous apprend qu’un répondeur (joignable au 07 49 07 15 34) et un Tumblr ont été ouverts pour témoigner //////// Dans la série “on a des lecteurs formidables”, Christophe Cousi (que vous connaissez déjà peut-être) a lancé un groupe Facebook d’entraide déjà fort de 300 membres “Aide et soutien pour mémoire et thèse” ////////


Trois questions à… Frédéric Restagno


« Les conférences dans les lycées me manquaient »


Comment mettez-vous à profit votre temps de confinement ? Ce physicien en profite pour faire de la science participative… à base de bulles !


En quoi le confinement vous a-t-il poussé à lancer #PhysiqueConfinée ? J’aime beaucoup parler de physique et je fais régulièrement des conférences de vulgarisation dans des lycées. Mais là, ce n’est plus possible et ça me manque. J’avais donc envie de parler de science malgré le confinement. J’ai plus de temps, et plus de temps pour penser. J’ai choisi d’utiliser Twitter de deux façons : en posant des questions de physique – qui ne sont pas si évidentes d’ailleurs – sous forme de quiz, mais également en faisant faire des expériences aux gens chez eux sur le principe des sciences participatives.

Et votre truc, c’est les bulles ? La stabilité des bulles de savon, c’est un de mes sujets de recherche, en effet. Et dans la vraie vie, tout le monde connaît les bulles de savon. On a tous été confronté au cas où il n’y a plus de liquide pour faire des bulles, on utilise du liquide vaisselle, et ça ne marche pas – et votre enfant pleure ! J’invite donc les participants à essayer différentes recettes et j’ai des retours intéressants. Par exemple, je n’avais pas pensé à essayer le shampoing, qui marche très bien d’ailleurs.
Quel est votre objectif ? Mon objectif est d’obtenir 100 réponses – j’en ai aujourd’hui 20. A la fin, je veux écrire un article publié dans une revue avec comité de lecture. Ca ne sera pas un Nature mais ça fera un bel article « pédagogique ».


Votre revue
de presse express


  • Confinés dans l’espace. Le point commun entre un astronaute et un étudiant ? Le confinement dans un espace réduit, lit-on dans les pages Sciences du Monde. Les chercheurs de Toulouse en profitent pour tester leur nouveau protocole avec un questionnaire auprès de 80 étudiants sur l’impact physiologique, technique et psychologique de la reclusion.
  • Un coup d’avance. A l’international, la plupart des campagnes de recrutement ou de financement ont été reportées, voire annulées. Pour les jeunes chercheurs, cela signifie une période creuse, et des expériences en moins dans le CV, analyse Science Magazine. D’autres craignent les répercussions de la crise économique sur la recherche privée.


Et pour finir…

Ceux qui critiquent Didier Raoult seraient des ratés ? C’est ce que laisse croire la chronique de Michel Onfray. Sur Twitter, Elodie Chabrol s’en amuse et réagit avec une parodie de Martine