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29 janvier 2021 /// L’actu des labos
La tyrannie
des chiffres

Par manque de temps, d’habitude ou en raison de la faible reconnaissance à en tirer, la médiation scientifique n’est souvent pas la priorité des chercheurs. Dommage ? Certainement.
La loi de programmation de la recherche promet, dans son rapport annexe, de resserrer les liens entre sciences et société. Les premières traductions concrètes viennent de tomber. On vous en parle plus bas .
D’autres mesures seront Ă©grenĂ©es dans les mois Ă  venir. Si le projet controversĂ© de « science media center » Ă  la française semble avoir Ă©tĂ© abandonnĂ©, la loi prĂ©voit Ă  terme 10 millions d’euros gĂ©rĂ©s par l’ANR pour des projets d’ouverture Ă  la sociĂ©tĂ©. Affaire Ă  suivre.

Bonne lecture,
Lucile de TMN


Si vous n’avez que 30 secondes



Cinq minutes de lecture, en toute ouverture



Je vous fais chevalier de la médiation


MĂ©diation scientifique, sciences participatives… vous vous tournez vers la sociĂ©tĂ© ? Vous serez rĂ©compensĂ©s.


Et pourquoi pas des Palmes académiques
de la médiation ?
Si les rapports annexes en dessinaient les grandes lignes, les premières mesures découlant de la loi de programmation de la recherche sur la thématique « Sciences et société » ont été dévoilées hier. L’objectif ? Une reconnaissance de l’engagement des chercheuses et chercheurs, au sens large, qui agissent pour une science ouverte à la société.
Concrètement, les plus « talentueux » pourront être récompensés dès 2021 grâce aux distinctions suivantes : 
  •  Une mĂ©daille « mĂ©diation » du CNRS  pour des actions ponctuelles ou pĂ©rennes, individuelles ou collectives, Ă  destination du grand public, des scolaires, Ă©tudiants ou des acteurs du privĂ©. AttribuĂ©e en juin, elle serait remise par la ministre en personne Ă  la FĂŞte de la science.
  •  Un prix « recherches participatives » cĂ´tĂ© Inrae  dĂ©livrĂ© par un jury mixte chercheurs / sociĂ©tĂ© civile. Alors qu’une tradition de liens Ă©troits avec les agriculteurs existe, l’institut prĂ©cise diversifier aujourd’hui ses collaborations. Un exemple parmi d’autres : la collecte de donnĂ©es de terrain avec des associations de dĂ©fense de l’environnement.
  •  Un nouveau profil « mĂ©diation » de dĂ©lĂ©gations Ă  l’IUF  (Institut universitaire de France) pour les enseignants-chercheurs. Seulement quatre dĂ©lĂ©gations « mĂ©diation » (deux juniors et deux seniors) seront crĂ©Ă©es en 2021 mais l’objectif est d’atteindre 40 en 2023. L’IUF va voir son nombre de dĂ©lĂ©gations presque doubler au global (de 110 aujourd’hui Ă  200 en 2023), avec la crĂ©ation d’un autre profil, « innovation » – mais nous aurons certainement l’occasion de vous en reparler.


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3 questions Ă … Claude Diebolt
« Un classement victime de son succès »


La section 37 du CNRS – économie et gestion – vient d’annoncer la fin de son classement des revues. Explications avec son président, Claude Diebolt.


Pour ne pas tomber du côté obscur des classements.
Quel problème posait le classement des revues de la section 37 ? 
En soi, le classement ne posait pas de problème, si ce n’est celui d’avoir été victime de son succès. A sa création en 2003, il était l’un des rares, si ce n’est le seul disponible en France et nombre d’institutions se le sont naturellement approprié. Ce faisant, le classement est devenu un outil de référence reconnu mais sans doute doté d’un pouvoir d’évaluation quelque peu démesuré.
La décision a-t-elle été facile à prendre ? 
L’arrêt du classement est étroitement lié à la politique scientifique du CNRS. Celui-ci a fait circuler sa feuille de route en novembre 2019 suite à la signature de DORA. Cette charte prône le retour à une évaluation plus qualitative. En accord avec les principes de science ouverte, les deux maîtres-mots de l’évaluation des chercheurs sont désormais ouverture et transparence. Après débats contradictoires, la section 37 a collectivement voté en faveur de l’arrêt de son classement.
Sur quels critères allez-vous vous appuyer dorénavant ?
Au lieu d’un inventaire à la Prévert, nous demandons aux chercheurs d’expliciter l’apport à la connaissance de leurs productions scientifiques : la portée, l’impact, et leur contribution personnelle. Ainsi, toutes les formes de production de connaissance sont considérées : publications académiques au sens strict bien sûr, mais également création d’une nouvelle base de données, d’un nouvel algorithme, de nouvelles méthodologies d’enquêtes, etc.


 Du bon et du mauvais  Au début des années 2000, le classement de la section 37 a, pour Claude Diebolt, indéniablement représenté « une étape importante afin de dynamiser les publications de la communauté française des économistes et des gestionnaires au niveau international ». Mais, très vite, le classement a subi le même sort que le h-index de Jorge E. Hirsch et a été détourné de son objectif premier : celui de proposer un indicateur bibliométrique parmi d’autres pour évaluer les chercheurs.  


Un chiffre open
 56% 
C’est la part de publications en accès ouvert en France en 2020 (sur les travaux mis en ligne en 2019). L’an dernier, le baromètre de la science ouverte indiquait 5 points de moins. Le groupe Édition Diffusion Presse (EDP) Sciences prĂ©sente le meilleur taux d’ouverture alors que Cairn (sciences humaines et sociales) est en queue de peloton.


Un outil bien sérieux
Brut de données
 Testez votre contribution Ă  la reproductibilitĂ© des recherches !  La maison d’Ă©dition Ă  but non lucratif PLOS propose un test en quelques questions pour Ă©valuer votre niveau d’engagement sur le sujet. Peut-ĂŞtre contribuez vous Ă  la
reproductibilité des recherches sans le savoir ! Des conseils et tutos sont disponibles à la suite du test.
Données toujours, le CNRS publie son guide des bonnes pratiques. Ne vous laissez pas décourager par la centaine de pages, elles traitent efficacement de sept étapes fondamentales pour la recherche, de la conception du projet à la diffusion des résultats.


 Des infos en passant   Plus que quelques jours pour répondre à l’enquête Vie de mère/père, vie de scientifique organisée par le réseau Mate-SHS – prononcez maté comme la boisson – du CNRS à destination de tous les personnels de la recherche //////// Les petites équipes de recherche possèdent un potentiel disruptif plus important que les grandes, d’après un article de Scientometrics //////// Top 100 des altmetrics 2020 : le premier de la liste concerne le Covid, bien évidemment, avec plus de 80 000 tweets ////////


//////// Quatre rapports sur la mobilité sociale des étudiants et la démocratisation des filières sélectives – notamment les classes prépa’ – viennent de sortir //////// Inégalités de genre dans la recherche : les indicateurs ne disent pas tout et il faut voir au-delà, analysent deux chercheuses spécialisées dans l’évaluation ////////


Votre revue
de presse express



Et pour finir…
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Quand la manip a son propre compte Zoom. Fini le temps où l’on bricolait avec une webcam et un bout de code un moyen de surveiller sa manip de la maison (ou de son bureau). Aujourd’hui, on allume Zoom et c’est fait !