🍀 Des appels, des projets et des femmes





07 mai 2021 | La recherche et sa pratique 
Le monde
d’après

Enfin déconfinés ? Pour ceux qui étaient limités au télétravail, le déconfinement promet – tout doucement – le retour au labo, les expériences à retoucher, les repas partagés, plus d’étudiants sur les campus, les réunions sans écrans… Bref, le retour aux choses qu’on aime.
Et les voyages ? Reviendra-t-on aux conférences en présentiel, sans enregistrement ni rediffusion ? Les habitudes ont été prises et l’avantage de pouvoir inviter la Terre entière sans prendre l’avion est tout de même appréciable.

Bonne lecture,
Lucile de TMN
 PS  Pas de numéro la semaine prochaine, profitez bien du grand weekend, le premier déconfiné ! 


Si vous n’avez que 30 secondes
  • Les chercheuses et les appels Ă  projet
  • Viviane Pons doute mais ne baisse pas les bras
  • Un outil pour vous donner du crĂ©dit
  • Votre revue de presse express
  • Et pour finir avec un oiseau photogĂ©nique



Quatre minutes de lecture genrée



ĂŠtre une femme (et porter un projet)


Où en est la parité dans les appels à projets ? Malgré quelques bons indicateurs, il y a encore du chemin à faire.


OĂą se situe l’origine du problème ?
Affichage paritaire. En décembre 2020, l’European research council (ERC) se vantait d’un taux de succès supérieur pour les femmes à son appel à projets “consolidator” : 14.5% contre 12.6% pour leurs confrères. Une bonne nouvelle, certes, qui doit tout de même être contextualisée :
  Les femmes restent minoritaires.  Au global, elles ne reprĂ©sentent toujours qu’un tiers des porteurs de projet financĂ©s par l’European Research Council (ERC) et l’Agence nationale de la recherche (ANR), Ă©quivalent Ă  la proportion de chercheuses.
  Pas de traitement de dĂ©faveur.  Avant et après sĂ©lection des projets, les proportions de femmes restent sensiblement les mĂŞmes, Ă  un pourcent près. On peut s’en fĂ©liciter.
  Des chiffres qui dĂ©gringolent avec l’âge.  En revanche, du cĂ´tĂ© de l’ERC ou de l’ANR (qui publiait ces chiffres en mars), la tendance est identique : 37% des laurĂ©ats de l’ERC “starting grant” sont des femmes, contre seulement 23% pour leurs aĂ®nĂ©es titulaires d’un ERC “advanced”. A noter : ce taux Ă©tait de 10% en 2014.
  Où sont les professeures ?  Le précédent constat est renforcé chez les enseignants-chercheurs. Il existe 27% de femmes parmi les professeurs mais seulement 22% de ceux sélectionnés à l’ANR sont des femmes. Un écart qui reste donc à rattraper.


Vous voulez réagir ? On vous lira

Le sexe des experts
Y a-t-il Ă©galement des biais dans l’évaluation des projets ? Lors du colloque sur le genre en recherche organisĂ© par l’ANR en dĂ©cembre, Guy Gogniat, prĂ©sident du comitĂ© d’évaluation scientifique Ă  l’ANR, mettait en lumière le fait que si la paritĂ© dans les comitĂ©s a bien Ă©tĂ© mise en place, les experts extĂ©rieurs ne sont pas soumis Ă  cette règle.


Quelques questions Ă … Viviane Pons


« Il faut se battre contre ses propres doutes »


Junior ou senior ? Viviane Pons vient de boucler un projet ANR ; elle vous livre ses interrogations.




Viviane est maîtresse de conférence
en informatique
Huit ans après votre doctorat, êtes-vous toujours une jeune chercheuse ?
Je suis une “vieille jeune”. C’est le deuxième passage compliquĂ© – le premier Ă©tant celui d’Ă©tudiant à permanent —, parce que j’entre dans la cour des seniors. Les appels Ă  projet ANR jeunes chercheurs sont limitĂ©s dans le temps après la thèse, le dĂ©fi est de maintenir une forte activitĂ© de recherche tout en rebondissant sur de nouvelles thĂ©matiques… et en enseignant en parallèle.
Vous sentez-vous légitime en tant que porteuse de projet ?
Je me demande parfois si je suis la mieux placĂ©e [et a mĂŞme twittĂ© pour le dire, NDLR]. L’an dernier, ma candidature ANR a Ă©tĂ© rejetĂ©e, comme beaucoup d’autres, et les Ă©valuateurs n’ont pas remis en cause le projet en lui-mĂŞme, mais ma capacitĂ© Ă  le mener au vu de mon CV. Pourtant, sans moi, il n’aurait pas vu le jour ! Il faut se battre contre ses propres doutes et on rĂ©alise au bout d’un moment que, mĂŞme si l’on est la seule femme, jeune et enseignant-chercheur de surcroĂ®t, on est aussi lĂ©gitime.
Est-ce donc plus compliqué quand on est une femme ?
Il est difficile de dire à quel point le fait d’être une femme a joué. Certains de mes collègues masculins reçoivent aussi ce genre de commentaires. Mais il est clair que des biais existent, comme le montre des études sur l’évaluation de CV académiques en fonction du genre.
Comment Ă©voluez-vous dans un monde principalement masculin ?
Au quotidien, je me sens parfaitement sur un pied d’égalité avec mon collaborateur principal. Cependant, à l’extérieur du labo, il est souvent vu comme le “meneur” de notre projet : c’est souvent lui qui est invité à présenter nos résultats ou qui est contacté à propos de notre publication… alors que j’étais la mieux placée pour répondre à des questions !


Un outil dans la boîte


Le crédit que vous méritez




Le gain ne sera pas financier
(en tous cas pas tout de suite)
 Chacun son rôle.  CRediT, c’est la taxonomie qui permet d’identifier le rôle de chaque auteur dans les publications : conception, visualisation, écriture, encadrement… La nouvelle version en propose 14 ! Et ORCID l’accompagne avec la possibilité de compléter ces informations dans son profil. De quoi remplir les “matrices de contribution” par article ou bien par auteur pour voir l’évolution des tâches effectuées sur une carrière. A quand dans le CV ?


 Des infos en passant   La qualité, le prestige, l’impact… tout cela se mélange quand on demande aux universitaires de définir ces termes, conclut une étude réalisée en Amérique du nord, en preprint sur bioRxiv //////// Les prix Nobel et quelques autres pourront obtenir un visa pour la Grande-Bretagne plus facilement //////// Huma-Num organise ses rencontres 2021 du 25 au 28 mai //////// 


//////// Comment expliquer les écarts de perception sur la fréquence des méconduites scientifiques ? Par le climat au travail tout d’abord, mais aussi par la pression à la publication, conclut une étude menée aux Pays-Bas et publiée dans Research Integrity and Peer Review //////// Vous souhaitez maîtriser R.temis, un package d’analyse textuelle ? Organisé par MateSHS, un tutoriel au lieu le 20 mai //////// cOAlition S ne soutiendra pas les journaux hybrides (qui publient certains articles en accès ouvert, d’autres en accès payant) et adopte le plan “Subscribe to Open” ////////


Votre revue
de presse express



Et pour finir…
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Auriez-vous “liké” cette photo ? Le podarge (ou frogmouth en anglais) est l’oiseau le plus “instagrammable” selon l’analyse de deux chercheurs allemands publiée dans i-Perception. Un cliché d’Andrew Mercer.